Le point sur le groupement d’achats TE44
Dans un contexte géopolitique toujours incertain, et alors que l’année 2024 aura été marquée par une situation politique nationale inédite, quelles incidences pour le groupement d’achats d’énergies piloté par TE44 ? Des questions au cœur du webinaire organisé ce 20 mars à l’attention des 230 membres du groupement, collectivités et structures exerçant une mission de service public de Loire-Atlantique…
Explications avec Romain Buffet, chargé de mission achats groupés d’énergies à TE44.
Faut-il en conclure que l’on va retrouver les niveaux d’avant crise ?
Les marchés de l’énergie affichent effectivement une tendance à la baisse. Depuis début mars, le marché oscille autour des 30€/MWh pour le gaz naturel et 60€/MWh pour l’électricité en livraison 2026. C’est une nette amélioration par rapport aux pics de 2022-2023, cependant nous restons bien au-delà des niveaux de 2019 qui étaient de 15 MW/h pour le gaz et 50 MW/h pour l’électricité.
Cette évolution s’explique par un changement structurel : la réduction des importations de gaz russe a été compensée en partie par le Gaz naturel liquéfié (GNL) américain, cependant plus coûteux à produire et transporter. De plus, les fournisseurs d’énergies intègrent désormais davantage d’incertitudes et donc un coût assuranciel supplémentaire dans leurs prix, liés à des questions géopolitiques, climatiques et aux contraintes techniques de production.
Cette baisse -relative – des prix de marché se traduit-elle par une réduction des factures pour les collectivités ?
Le prix de l’énergie sur le marché n’est qu’un des éléments du coût final TTC. D’autres facteurs entrent en jeu, notamment les taxes et les coûts d’acheminement qui augmentent sensiblement. Par exemple, la fin de la TVA à un taux réduit au 1er août 2025 sur la part acheminement d’électricité et de gaz décidée par le Gouvernement va mécaniquement impacter les factures. Autre élément clé : le Tarif d’utilisation du réseau public d’électricité, devrait continuer à progresser à partir du 1er août, en suivant l’inflation (TURPE7) après avoir connu récemment deux hausses sensibles de 12.5%, en novembre 2024 et février dernier.
Comment le groupement d’achats de TE44 protège-t-il ses membres face à ces hausses ?
Notre stratégie repose sur l’anticipation. Nous achetons l’énergie en plusieurs phases, bien en amont des années de livraison. Cela permet de lisser les risques et de profiter des opportunités de marché. Pour 2025, cette méthode a porté ses fruits :
- Pour le gaz naturel, nous avons sécurisé un prix de 39,23 €/MWh, sous l’objectif initial de 40 €/MWh.
- Pour l’électricité, notre prix est de 67 €/MWh, contre un objectif de 70 €/MWh. Précisons d’ailleurs que ce prix anticipe la fin, au 31 décembre prochain, de l’ARENH (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique) qui permet aux fournisseurs alternatifs d’acheter une part d’électricité à 42 €/MWh auprès d’EDF.
Au total, nous poursuivons la baisse amorcée en 2024, après les hausses de 2023. Et d’ailleurs, même avec le récent retour des Tarifs réglementés de vente (TRV) pour les collectivités éligibles, nos prix restent compétitifs : ils sont en moyenne de -15/% par rapport aux TRV hors taxes.
Les collectivités ont-elles d’autres leviers pour optimiser leurs factures d’énergies ?
L’optimisation de la puissance souscrite est un levier clé prévu au cahier des charges de notre marché de fourniture d’électricité. L’objectif est bien de faire correspondre la puissance souscrite au besoin de puissance maximale soutirée par le compteur.
L’an dernier, la campagne d’optimisation tarifaire, qui concerne potentiellement 10 000 points de livraison, a permis de réaliser 241 K€ d’économies. C’est un très bon résultat. Malgré tout, il reste une marge importante de progression possible puisqu’en 2024, seuls 50% des membres ont engagé ces ajustements, sur un potentiel de 720 K€ d’optimisations identifiées.
Nouveauté cette année, la campagne va se dérouler en 2 périodes en raison de l’arrivée du TURPE 7 au 1er août et des nouveaux horaires d’heures creuses en journée.
La première phase se déroulera dès ce mois d’avril : elle concernera les compteurs liés à l’éclairage public.
La seconde est prévue en septembre pour tous les autres compteurs, qui basculeront automatiquement sur le TURPE7, et qui devront adapter leur formule tarifaire la plus appropriée à leurs besoins.
Un dernier conseil aux collectivités et organisations adhérentes ?
Suivez de près votre consommation et saisissez les opportunités d’optimisation proposées par le groupement. Nous mettons tout en œuvre pour sécuriser les budgets de nos membres, mais l’efficacité passe aussi par une bonne gestion locale des contrats d’énergie. Et n’oublions pas : l’énergie la moins chère reste celle que l’on ne consomme pas !